Pour de vrai ? Opposer les entrepreneurs aux salariés, est-ce bien raisonnable ?

Je n’ai pas pris le temps d’écrire depuis quelques semaines, trop de boulot, de cogitations, pas assez de temps « libre » pour traiter les nombreux sujets que je mets de côté en vue d’écrire des articles… Il y a des périodes comme ça où l’on écrit plus pour les autres que pour soi… (en même temps c’est un peu aussi ça mon boulot 😉

284792_226459944064761_5413621_nMais aujourd’hui je sors du bois, comme l’on dit !
Pourquoi ? Parce que je vois trop de publications ces derniers jours (autant venues des médias, politiques, syndicats, entrepreneurs, salariés), où j’ai l’impression que l’on parle en mon nom, où l’on se permet de faire des généralités banales sur les « entrepreneurs », et surtout on leur oppose les salariés !

Pour de vrai ? C’est ainsi qu’en ce début de nouvelle année, pleine de promesses sur notre soi-disant envie de construire un monde en Paix, on pense fédérer les gens ?! Mais c’est quoi la paix ? Juste vivre dans un pays où l’on ne risque pas de se faire tirer dessus quand on boit un coup en terrasse, ou aussi un pays où l’on évite d’opposer les citoyens les uns aux autres, en comparant leur religion, leur couleur et la façon dont ils gagnent leur vie ?! Voir même plus… un pays où l’on oeuvre pour le vrai vivre ensemble !?

J’ai été salariée et je suis aujourd’hui entrepreneure. Et j’ai monté ma première boite tout en étant salariée – joie de la double vie 😉
D’un côté je suis gérante bénévole d’une entreprise, petite certes, mais qui a le mérite d’exister depuis 7 ans et qui rémunère tous les mois une apprentie et une de mes associée (et certains mois nous arrivons à faire qu’elle puisse toucher son salaire en entier !). Une activité qui nécessite parfois que l’on ré-injecte de l’argent, parce qu’on n’a pas encore emprunté aux banques, pour plus de liberté à la clé 😉
Capture d’écran 2015-09-11 à 19.50.02De l’autre côté, je suis consultante, depuis 4 ans, totalement à mon compte, c’est à dire avec zéro visibilité à 3 mois, des fois à 15 jours, avec des mois où ça va bien et avec des mois où je me dis qu’il va falloir un miracle pour payer mes charges…

970385_622809947763090_264791578_nParce oui ! Ça c’est une vraie réalité, quand on entreprend, on paye plein, beaucoup, trop, de charges et c’est souvent l’incapacité de payer les charges qui fait déposer le bilan à de nombreuses entreprises, petites ou grandes… Et là on peut se poser la question : Comment soutient-on les entrepreneurs qui ont au minimum le courage de créer leur propre emploi ? Et qui ne toucheront pas le chômage en cas de faillite ?!

En aucun cas, et même si aujourd’hui j’ai l’impression que j’aurai beaucoup de mal à redevenir « salariée » (sauf pour un job de folie !!), je ne souhaite pas que l’on compare ma situation à celle d’un salarié, pour dire que ma vie est plus difficile que la sienne !

Arrêtons avec les généralités, s’il vous plait !

10500241_784037611640322_4280507730467081506_nJe ne sais pas de quoi sera faite ma vie dans 3 mois, parfois j’échelonne le paiement de mes charges, parfois je les paye cash, parfois j’ai l’impression que certaines missions ne sont pas à la hauteur de ce que j’avais espéré faire comme travail en étant freelance, car quand il faut « manger » on accepte parfois des contrats où la liberté recherchée au départ n’est pas hyper présente… mais j’ai choisi ! J’ai encore ce « luxe », cette impression que c’est moi qui décide…

Pourquoi faudrait-il classer les gens sur une échelle partant de celui (en bas) qui a une situation difficile, jusqu’à celui (en haut) qui a gagné au loto et qui passe ses journées dans sa piscine ?

La Vie, avec un grand V, est difficile…
– des jours pour moi, qui ne sait plus comment expliquer à l’Urssaf que c’est pas le fait de payer en 6 fois qui va changer le fait que je ne vais pas pouvoir payer tout court, car un client m’a planté.
– des jours pour mon mari et mon fils, qui me reprochent de travailler aussi le week-end car le paiement de la TVA n’attendra pas ou parce que le client « casse bonbon » a décidé d’avancer de 10 jours la fameuse réunion de rendu, parce qu’il a le Conseil d’Administration aux fesses…
– des jours c’est pour les agriculteurs, blindés de dettes
– des jours c’est pour un cadre supérieur qui touche certes 4000€ par mois, mais qui travaille avec un chef « pervers narcissique » qui réussira à le conduire doucement mais sûrement au burn out
– des jours (beaucoup de jours) c’est pour tous ceux qui travaillent à la chaine, qui travaillent la nuit, qui travaillent juste parce qu’il le faut et pas parce qu’ils font quelque chose qui leur plait
– des jours c’est pour ceux qui ne travaillent pas ou plus, et qui ne savent plus comment faire pour avoir de nouveau le droit d’être considérés autrement que comme des fainéants… Comme si être au chômage ou au RSA était un plan de carrière !
10314741_733924616651622_1432881239548480849_nLa Vie est un chemin où nous allons tous devoir relever de nombreux défis, et composer avec notre propre angoisse, elle est souvent nourrie par la peur des autres, et pleinement arrosée par les médias qui cherchent tous les jours à faire le buzz avec la petite phrase de l’un ou de l’autre, des politiques qui se débattent comme ils le peuvent (ou pas) dans un monde, qui change tellement vite que la solution du lundi ne peut plus s’appliquer le dimanche d’après…

67987_658032824240802_228263557_nEntreprendre est un état d’esprit, et c’est bien pour cela qu’il existe aussi des intrapreneurs (des salariés qui entreprennent au sein de leur entreprise), tout comme il y a des chefs d’entreprises qui n’osent aucun changement, et qui utilisent, dans le mauvais sens du terme, leurs salariés.
Entreprendre c’est aussi porter un projet, même associatif, et le mener à terme.
Entreprendre c’est avoir envie de donner vie à ses idées ou à celles des autres, et être prêt à se « défoncer » pour le faire.
Entreprendre, c’est avoir envie de changer le monde…
Enfin, ce n’est que mon humble avis 😉

Ah oui aussi ! J’en ai assez qu’on oppose encore en 2016, les entrepreneurs – soi-disant à droite, aux salariés – forcément à gauche. Pour de vrai ? Alors que l’on constate qu’il n’y a quasiment plus qu’un seul objectif : bloquer la montée du FN, être de gauche ou de droite, est-ce encore d’actualité ?
10559670_855586011152148_4008580775123718977_nA mon avis, nous sommes rentrés dans une ère où le plus important c’est de savoir si on est capable de créer de la valeur (des sous, quoi) tout en créant et respectant des valeurs (des bonnes).
Plus que de savoir si l’autre est de gauche ou de droite, si je dois « entreprendre » avec lui (ou elle) je vais d’abord m’assurer qu’il a du cœur, de l’humanité et qu’en alliant nos forces, nos idées, notre créativité, on va faire naitre quelque chose de beau et d’utile.

Xavier Bertrand pose à l'occasion d'un entretien avec le Figaro Paris le 10/01/2014 Photo François Bouchon / Le Figaro

Alors, je suis disponible, dans l’absolu, pour échanger avec Xavier Bertrand, nouveau Président de la région Nord-Pas de Calais-Picardie (parce je travaille entre Paris et Lille et que je vis en Picardie), d’ailleurs je lui ai déjà dit ici, et comme il nous l’a confirmé : la campagne des régionales 2015 a changé à jamais sa façon de faire de la politique et le NPDCP sera un territoire-laboratoire où nous allons tous ensemble expérimenter comment améliorer notre situation, celle de tous… Xavier, c’est quand vous voulez !
Emmanuel-Macron-pret-a-ecrire-un-livre-pour-expliquer-pourquoi-il-est-de-gaucheEt je suis dispo aussi pour rencontrer Emmanuel Macron.
Monsieur le Ministre… Je vous le dis, au départ j’ai voulu ressentir votre phrase (qui buzze) « Les entrepreneurs ont des vies bien plus difficiles que les salariés » comme une façon un peu maladroite de nous dire à nous les petits entrepreneurs que vous saviez qu’on existe… Et en même temps je suis perdue parce qu’il semble que Nicolas Dufourcq, président de BPI France aurait dit exactement la même phrase… Bref qui dit quoi ? (pour de vrai)… Et qui connaît véritablement le quotidien des entrepreneurs ordinaires ? Et peut se permettre de dire que les uns souffrent plus que les autres ? En voilà des questions…
Du coup, si vous êtes un peu disponible pour échanger avec une serial entrepreneure qui n’est pas cotée en bourse, qui n’a pas un chiffre d’affaire annuel à 7 chiffres mais qui vit l’entrepreneuriat au quotidien et qui a 12000 idées dans la tête, je trouverai du temps avec plaisir 😉

Je rêve d’un pays où l’on encouragerait tous et chacun à réaliser ses rêves, à entreprendre, et ce, que l’on soit indépendant, salarié (du secteur privé ou public), chef d’entreprise ou chercheur d’emploi…
Je rêve d’un monde où l’on soutiendrait les rêveurs, car ne dit-on pas que l’utopie c’est un rêve qui n’a pas encore été réalisé ?
Nous sommes des millions, nous avons des idées, des envies… Je nous souhaite un monde où 2016 sera le début d’une nouvelle ère. Une année que l’on retiendra dans les livres d’histoire, comme l’année où tout a basculé, où les hommes et les femmes ont cru en leur humanité et leur pouvoir à changer les choses, en mieux !
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Bonne année !

Xavier, Emmanuel, On prend rendez-vous ? 😀

@aludv

6 réflexions sur “Pour de vrai ? Opposer les entrepreneurs aux salariés, est-ce bien raisonnable ?

  1. Guillou dit :

    Bonjour, ça fait plaisir de vous lire, c’est frais, vivant, réel, réfléchi, lucide, ça sent le vécu et surtout le coeur y est. Ca change tellement de tout ce patchwork sans âme de fragments de clichés assemblés sans réflexion propre et qui tourne en rond. Les médias nous gavent de buzz, de phrases pré-machées et de photos chocs. Sans fond argumenté, sans investigations réelles, ils effleurent à peine un sujet en ne stimulant que nos émotions primaires avant de passer au suivant. On se retrouve dans une coure d’école primaire avec des untel à dit ça sur machin.
    Pour en revenir au coeur du sujet, opposer sans cesse patrons et salariés c’est tout sauf constructif. Ne sont ils pas censés à la base faire avancer le même navire? Ca ne serait pas avant tout un problème de coeur?
    Je doute que ce soit avec du chacun pour soi et des rapports de force au centre d’une compétition interne qu’on arrive à quelque chose de durable. Pourquoi ça devient compliqué de parler de « coeur au travail » au sens large du terme sans passer pour un zigoto ou un bisounours? Peut être parce que le coeur fait moins le poids que l’avidité?

    Au delà du navire, à l’échelle de la « flotte » Les pme-pmi sont pilonnées et torpillées sans cesse de charges exorbitantes alors que des groupes « cuirassés » aux dimensions et bénéfices démesurés se paient le luxe de défiscaliser à outrance au nez de tous. Il existe une profonde injustice à ce niveau.
    C’est une vrai dérive mafieuse qui s’installe la, avide de «  »valeurs » » (les guillemets ne sont vraiment pas du luxe) qui n’ont rien à voir avec celles recherchées par des gens comme vous je pense.
    On en revient « aux natures humaines »: celles qui prennent le coeur en considération et celles qui n’en ont que faire.
    C’est idem dans les rapports entre patrons, entre patrons et leurs salariés et aussi (et surtout?) entre salariés: ça va du pire au meilleur. Les clichés ne sont la que pour nous diviser. A chacun de se faire une idée par soit même en allant chercher l’information et en la confrontant plutôt que de la « consommer » comme du fast food.
    bien à vous, merci pour ce site qui foisonne de valeurs enrichissantes.

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    • aludv dit :

      Et bien ! Waouh ! Rien que pour lire votre commentaire cela valait le coup d’écrire cet article ! Et cela confirme que lorsque que l’on ouvre son coeur et que l’on reste fidèle à ses valeurs de coeur, on se « connecte » avec les « bonnes » personnes 😉 Et alors, on se dit que OUI, on peut changer les choses, soyons fou : le monde ! Et vous ? Vous faites quoi dans la vie 😉
      Et merci pour « c’est frais, vivant, réel, réfléchi, lucide, ça sent le vécu et surtout le coeur y est », comme on dit en anglais « you make my day » !

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      • Guillou dit :

        Je ne m’attendais pas du tout à susciter autant d’enthousiasme. Tant mieux si j’ai pu vous apporter un peu de baume au coeur et du coeur à l’ouvrage. Alors pour « ce que je fais dans la vie? » j’ai pris l’habitude de répondre « j’faïï man possib » à la façon Diane Dufresne 🙂
        Plus sérieusement , je me reconstruit après une longue (très longue) période de vie en « stand-bye » et je répare des trucs voir même des machins pour arrondir les fins de mois.
        En tout cas je ne me vois pas salarié dans un avenir proche. Je me vois plutôt auto-entrepreneur mais vu le matraquage fiscal hallucinant qui se pratique en France j’avoue que ça me rend très frileux.
        Et pour ce qui est du monde, à défaut de le changer, je me contente juste de lui demander au monde de ne pas me changer en ce que je ne suis pas. Et rien que ça, j’ai de quoi faire. 🙂
        bien à vous
        Emmanuel

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      • guillou dit :

        Oui n’est ce pas? 🙂 Je m’éclate comme un p’tit singe entre les boulons, les câbles, les moteurs, les poulies, les pompes, les circuits électriques, hydrauliques et électroniques etc etc. Trop d’engins finissent à la ferraille bien trop prématurément par mercantilisme car il « faut » vendre du neuf, faire du chiffre avec un turn-over ahurissant. Parler d’économie durable en faisant de l’obsolescence précoce une priorité, vraiment les industriels se fichent de nous avec le même sans gène que le green-washing ou le faux commerce équitable. Mais ils vont bien être obligés de ménager la chèvre et le chou parce que le budget des ménages ne peut plus suivre la. Je vois bien le nombre de gens qui sont dans une panade complète avec des véhicules qui leur coutent les yeux de la tête et dont ils ont pourtant besoin pour travailler. C’est assez édifiant d’ailleurs: travailler pour se payer une voiture pour aller travailler! Cherchez l’erreur. Bref tout ça pour dire que j’ai la prétention de penser que des petits « Mac Gyver » dans mon genre ont leur utilité dans ce petit monde de fous. 🙂

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